Construire la notion de temps

Le temps est une notion abstraite et difficile à appréhender par les jeunes enfants qui vivent dans le moment présent. Le programme 2021 rappelle que l’école maternelle doit viser « la construction de repères temporels et la sensibilisation aux durées : temps court (celui d’une activité avec son avant et son après, journée) et temps long (succession des jours dans la semaine et le mois, succession des saisons). » Pour les plus petits, il s’agit d’abord de stabiliser des premiers repères temporels associés aux activités récurrentes de la vie quotidienne, par exemple différencier le jour et la nuit, nommer différents moments de la journée, etc. À partir de la moyenne section, les repères sociaux, les notions de chronologie et de durée sont progressivement introduits grâce à des outils, des activités et des projets divers dans lesquels le langage occupe une place centrale.

Les apprentissages s’articulent principalement autour d’activités rituelles à caractère temporel, d’activités transversales couvrant plusieurs domaines d’apprentissage et d’activités spécifiques.

Les rituels, pour mettre en place des repères temporels

Par leur caractère répétitif, les activités rituelles aident l’enfant à se situer dans le déroulement de la journée. Le programme précise : « Pour les plus jeunes, les premiers repères temporels sont associés aux activités récurrentes de la vie quotidienne, d’où l’importance d’une organisation régulière et de rituels qui marquent les passages d’un moment à un autre. » Les rituels partagés collectivement, tels que l’accueil du matin, l’heure du conte…, ont une fonction structurante car ils fournissent aux enfants des repères dans le temps et dans l’espace, tout en les mettant en confiance. Grâce à un emploi du temps régulier les élèves pourront prendre des premiers repères dans le découpage d’une journée, puis progressivement percevoir la notion de succession : le passage d’un moment à un autre dans la journée de classe est « marqué » par le passage d’une activité à une autre. En grandissant, ils apprendront à relier ces moments entre eux et à appréhender la succession des jours, des semaines et des mois.

Pour faciliter le repérage dans le temps, les enfants peuvent avoir à leur disposition des affichages auxquels se référer : le déroulement d’une journée en photos (l’accueil, les récréations, les temps de repos, etc.), les étiquettes des jours de la semaine, la ronde des mois de l’année, un calendrier des saisons… À partir de la moyenne section, les repères sociaux sont introduits et utilisés quotidiennement par les enfants pour déterminer les jours de la semaine, pour préciser les événements de la vie scolaire (les fêtes, les sorties…).

Des activités transversales, pour construire la notion de temps

La notion de temps se construit aussi par des activités transversales couvrant plusieurs domaines d’apprentissage : Explorer le monde, Construire les premiers outils pour structurer sa pensée, Mobiliser le langage (à l’oral et à l’écrit), Agir, s’exprimer, comprendre à travers l’activité physique... Ainsi apprendre à utiliser un calendrier ou observer une horloge permettent de se repérer dans la chronologie et de « mesurer » des durées, mais aussi d’approcher les nombres, d’« écrire » la date, de s’approprier un vocabulaire précis. Fabriquer une maquette ou un objet en respectant différentes étapes favorise l’acquisition de la notion d’ordre de succession. Plus généralement, les notions relatives au temps (succession, antériorité, postériorité, simultanéité, périodicité, durée) pourront être abordées à partir de comptines, de la lecture d’histoires, de la remise en ordre d’images séquentielles, ou encore au cours d’ateliers d’activités physiques (par exemple en s’interrogeant sur l’ordre des actions effectuées dans un parcours de motricité ou dans une chorégraphie).

Des activités spécifiques, centrées sur des apprentissages précis

Ces activités dédiées viennent enrichir la perception des enfants et consolider leur compréhension des différentes notions relatives au temps, par exemple grâce à l’exploitation d’une frise chronologique, la réalisation d’un arbre généalogique, l’utilisation de différents instruments (sabliers, horloge, chronomètre) permettant de visualiser l’écoulement du temps, l’exploitation d’images ou de supports documentaires...

Dans toutes les situations proposées, le langage occupe une place centrale : il permet d’évaluer les acquisitions et le degré de conceptualisation de chaque enfant. On veillera en particulier à ce que les élèves apprennent à utiliser un vocabulaire précis et les marques linguistiques adaptées (verbes conjugués, adverbes, connecteurs de temps) pour traduire les relations temporelles, notamment dans les récits, descriptions ou explications.