Le 04 Novembre 2021

Découvrez la saison 2 de Voix d'école - Les neurosciences et l’enfant

Découvrez la saison 2 de Voix d'école - Les neurosciences et l’enfant

Savez-vous quel est le point commun entre le cerveau des enfants, le rôle du « capitaine inhibition » dans la pensée, les incroyables bienfaits du jeu, l’importance des émotions sur le développement cognitif, l’apprentissage de la tolérance et du respect d’autrui, l’éveil à la beauté ? L’intérêt que les nouvelles approches scientifiques – les neurosciences en particulier – portent à tous ces sujets et leur application dans les apprentissages à l’école !
Et que dire de la neuropédagogie ? Quelle serait sa juste place dans l’école de demain ? Comment développer les capacités cognitives de vos élèves ? Que signifie être un « professeur d’émotions » ?...
Autant de questions que de réponses passionnantes à écouter !

Pour vous en parler :

Joana Groz est maman de 4 enfants, enseignante en maternelle et animatrice de la communauté @seveillernaturellement sur Instagram.

Olivier Houdé est instituteur de formation initiale, professeur de psychologie à l’université de Paris, directeur honoraire du LaPsyDÉ à la Sorbonne (Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’Éducation de l’enfant, CNRS), grand spécialiste du fonctionnement du cerveau des enfants.

Épisode 1 - Les pouvoirs insoupçonnés du cerveau des enfants

ou comment les nouvelles découvertes en laboratoire devraient être appliquées à l'école

On peut aujourd’hui, grâce aux technologies d’imagerie cérébrale, observer in vivo le cerveau des élèves et notre mission de scientifiques, c’est de leur expliquer ce qui se passe dans leur tête ainsi qu’au professeur. En quelque sorte, on va ainsi donner aux enfants les clés de leur boîte à outils qu’est leur cerveau, sollicité tous les jours à l’école. Donc mieux comprendre comment fonctionne son cerveau devrait être un apprentissage fondamental dès la maternelle, expliqué aux enfants,

relève Olivier Houdé. Il nous apprend également qu’avec les données d’imagerie cérébrale et du comportement des enfants, on observe qu’il existe un troisième système (le système d’inhibition) qui arbitre entre le système intuitif, celui des biais cognitifs qui va toujours vite – et parfois trop vite – et le système logique (Piaget) qui peut rentrer en conflit avec le système intuitif à tous les étages du développement de l’enfant. Et ça, c’est une découverte essentielle pour l’école !

Épisode 2 - L’inhibition, un facteur de progrès

ou comment apprendre à résister à sa pensée intuitive car les enfants comme les adultes, nous sommes de mauvais raisonneurs dans beaucoup de situations !

L’inhibition, c’est très difficile parce que l’enfant doit résister à ses impulsions, à ce qu’on appelle ses « heuristiques », ces automatismes […] très rapides qui viennent court-circuiter dans le cerveau l’algorithme, c’est-à-dire la logique qui est plus lente, et donc les enfants peuvent se tromper par défaut d’inhibition,

explique Olivier Houdé en analysant deux exemples concrets très intéressants : une séquence enregistrée en classe proposant un test de logique d’une part, l’heuristique « longueur égale nombre » d’autre part.

[Dès l’école maternelle], il faut entraîner ce système d’inhibition. C’est là où il faut réellement aider l’enfant. Quelquefois on répète les automatismes, on répète les algorithmes, les règles, le programme, et on n’entraîne pas du tout cette inhibition dans les situations pièges. Ce qui fait qu’un enfant plus grand va continuer de se tromper alors qu’on croyait qu’il était logique.

Épisode 3 - Apprendre par le jeu

ou comment l’inhibition peut se développer par le jeu, et c’est prouvé scientifiquement !

De nombreux grands pédagogues ont eu l’intuition que le jeu est la principale source de développement des enfants, que ce soit sur le plan affectif, social, physique, langagier ou cognitif. Cette intuition est aujourd’hui confirmée par l’imagerie cérébrale. Les capacités des enfants peuvent être en effet perfectionnées à travers des activités ludiques qui entraînent le cerveau,

explique Olivier Houdé, qui nous donne des exemples de jeux très simples, efficaces et appréciés des enfants à pratiquer en classe pour entraîner le contrôle inhibiteur.

Le but est que l’enfant acquiert un contrôle de soi mais comme il ne le fait pas spontanément, parce qu’on a vu en imagerie cérébrale que le cortex préfrontal [qui permet le développement de l’inhibition] mature lentement, il faut des aides externes. C’est là où la pédagogie et l’école interviennent.

Épisode 4 - Les émotions, un besoin vital

ou comment les enseignant(e)s doivent aussi être des « professeur(e)s d’émotions »

Tant les neurosciences affectives que l’éducation nouvelle depuis un siècle invitent à ce que l’émotion soit au centre de la classe et des apprentissages car elle est au centre du cerveau et du corps. […] Dans le cerveau humain, tout le centre du cerveau porte un nom, il s’appelle le lobe limbique et c’est le siège des émotions. Il y a par ailleurs le cerveau cognitif – le cortex préfrontal –, et les deux sont interconnectés. Mais quelquefois le système limbique des émotions s’emballe, déclenché par un événement, et à ce moment-là l’enfant perd le contrôle de son cerveau parce que le système limbique domine. Là encore le contrôle inhibiteur est décisif pour remettre les choses en équilibre. Aucun apprentissage ne peut se faire sans sécurité affective,

rappelle Olivier Houdé. Cependant, les émotions peuvent aussi agir de façon positive :

Les sentiments sont les représentations mentales des émotions dans le cerveau. Ce qui est intéressant pour l’école, c’est qu’ils peuvent devenir « épistémiques », c’est-à-dire liés aux savoirs : le sentiment d’apprendre, le sentiment de progresser, l’autoévaluation de l’élève, la métacognition. Tout cela repose sur des émotions. […] L’émotion peut devenir un guide de l’intelligence.

Épisode 5 - Les autres

ou comment la neuropédagogie contribue au respect d’autrui et à la tolérance

La question du contrôle cognitif ne concerne pas seulement les apprentissages scolaires classiques mais aussi le contrôle de soi pour la tolérance et la paix. […] Spontanément notre cerveau est égocentré. Si deux enfants doivent communiquer entre eux, imaginer le point de vue de l’autre, à ce moment-là l’enfant doit inhiber son égocentrisme naturel pour prendre en compte le point de vue de l’autre. C’est ce qu’on appelle les théories de l’esprit : imaginer l’esprit de l’autre, ses émotions, ses croyances, ses pensées…, […] ce qui sans doute est le plus difficile car c’est penser contre soi-même, développe Olivier Houdé.

L’enfant a un cerveau qui est social autant que cognitif et la tolérance est une forme d’intelligence sociale que l’on peut développer en travaillant l’inhibition dès le plus jeune âge. Et ce n’est pas tout ! L’environnement social apporte autre chose, il aide à devenir « plus intelligent » comme le montre la recherche neuroscientifique sur l’engagement collectif synchrone.

Épisode 6 - L’éveil du beau

ou comment la beauté imprègne notre cerveau

Les phénomènes culturels et artistiques sont aujourd’hui finement étudiés en neurosciences. Autant l’inhibition n’intervient pas ou peu dans l’appréciation d’une œuvre d’art (peinture, musique…), autant elle est décisive dans l’acte créatif.

Il faut maintenir les arts à l’école et que ce ne soit pas simplement une variable d’ajustement par rapport aux maths et au français parce qu’on n’a pas le temps d’en faire. C’est une erreur ! Le cerveau a besoin de beauté, non seulement pour la beauté en elle-même mais pour la cohérence, la cohésion que cela apporte et a priori si l’on est sensibilisé à la beauté, on l’est aussi au goût, à la délicatesse – y compris à l’égard d’autrui –, et à la tolérance. Un enfant dans un environnement beau et épuré, ce que préconisait déjà Maria Montessori, sera beaucoup plus calme, verra les choses de façon plus harmonieuse. […] C’est essentiel : la beauté inclut l’émotion, le raisonnement, la perception, et finalement notre rapport aux autres,

plaide Olivier Houdé dans ce podcast qui clôture la saison 2 « Les neurosciences et l’enfant ».

À découvrir

Flexigame

Conçue par Olivier Houdé et Grégoire Borst, cette collection de jeux entraîne les enfants à développer leur flexibilité mentale ou cognitive pour « muscler » le cerveau et lui apprendre à résister aux automatismes qui engendrent souvent des erreurs.

  • Des jeux simples issus de la recherche en neurosciences et testés en classe par des enseignants du réseau collaboratif Lea.fr
  • La difficulté d’inhibition s’accroît de plus en plus et l’enfant peut progresser.

Principe de jeu :
L'enfant reçoit une consigne et catégorise :

  • des animaux et des tailles,
  • des fruits, légumes et des couleurs,
  • des formes et des couleurs,

selon une règle précise. Lorsque cette règle est automatisée, on change la consigne. Parfois, la consigne s’inverse complètement et l’enfant doit faire l’inverse de ce qu’il avait fait juste avant, sollicitant l’inhibition.

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Explore ton cerveau
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Pour tout savoir sur le plus extraordinaire des organes : le cerveau !
Écrit par Olivier Houdé et Grégoire Borst, experts en neurosciences.

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