Le 14 Mai 2025

Manipuler les syllabes

Manipuler les syllabes

Interview
de Florent Nouguez

Professeur des écoles en maternelle, maitre formateur en REP+, auteur du site classedeflorent.fr qui propose des ressources éducatives et interactives, et du compte Instagram @classedeflorent.

Auteur de La maison des syllabes
La maison des sons
Un jour, un problème PS/MS
Un jour, un problème MS/GS

Vous avez conçu deux ateliers pédagogiques, La maison des sons et La maison des syllabes, suivant le même principe. Pouvez-vous nous rappeler ce principe et les modalités de jeu ?

Les enfants aiment beaucoup le principe des maisons qui permet de trier et d’associer des mots qui ont un point commun. Chaque maison a ainsi un son ou une syllabe cible : par exemple le son « a » ou la syllabe « LA » selon le jeu. Chacun(e) pioche une carte avec une image et un mot : faut-il le placer dans la maison ? L’enfant doit s’interroger, prononcer le mot et l’analyser : « Lapin, la… J’entends “la” dans “lapin” alors je peux poser la carte dans la maison du “LA” ». Pour jouer avec ces deux ateliers, il est important de prendre son temps d’abord pour manipuler le matériel – les enfants adorent toucher ! – mais également d’associer chaque image à un mot donné. La place de l’enseignant(e) est essentielle pour découvrir ces ateliers et pour amener chaque enfant à justifier sa réponse.

Plusieurs modalités sont possibles : seul(e) avec sa maison, plusieurs enfants avec toutes les maisons. Ces ateliers sont utilisés en classe, mais pourquoi pas également en salle de motricité où chacun(e) pourra faire des allers-retours entre la pioche des images et les maisons !

Pourquoi s’intéresser spécifiquement aux syllabes pour développer la conscience phonologique ?

Les syllabes permettent de mieux faire entendre – ou de faire chanter – certains phonèmes. S’il est possible de faire chanter les phonèmes « a » ou « s » en prolongeant leur son, ce n’est pas possible pour les phonèmes dits « explosifs » (les consonnes occlusives) comme le « d » ou le « t ». Les enfants peuvent avoir du mal à bien percevoir ces phonèmes. Ces derniers ont besoin d’être associés à une voyelle pour mieux se faire entendre : « Taaa ! » ou « Dooo ! ».

Par ailleurs, il est particulièrement utile de rapprocher des mots qui ont des syllabes communes à l’oral : « radis » et « raquette » commencent « pareil » avec la syllabe « ra ». En classe, les enfants produisent ces rapprochements de manière spontanée et en sont toujours très fiers. L’enseignant(e) n’a plus qu’à encourager ces recherches de correspondance entre les mots.
Enfin, André Ouzoulias, spécialiste de l’apprentissage de la lecture-écriture, soulignait que savoir segmenter un mot entendu en syllabes écrites est fortement prédictif de la réussite des enfants dans la lecture. L’atelier sur les syllabes est ainsi une étape importante dans ce travail préparatoire d’entrée dans la lecture et l’écriture.

Comment faire prendre conscience des phonèmes aux enfants ?

L’enseignant(e) peut faire chanter les premiers phonèmes tel un chef d’orchestre : « la lettre O fait le son oooooo ». Les enfants chantent le son des phonèmes en respectant, par exemple, un signal précis comme en musique quand l’enseignant(e) indique du geste qui doit « chanter ».
Apporter un univers ludique est aussi un levier important. L’enseignant(e) peut proposer des jeux simples où il (elle) alterne de plus en plus rapidement deux phonèmes à chanter. Fous rires garantis ! D’autres jeux simples sont faciles à mettre en place : se lever quand on entend un son particulier (comme le « A ») dans un mot prononcé par l’adulte, ou encore se demander « Qui a le son “a” dans son prénom ? ». Quand il s’agit d’associer une consonne à une liste de voyelles, il est possible de raconter des histoires loufoques qui vont beaucoup amuser les enfants. Par exemple, quand il faut associer le son « r » à des voyelles simples : « Hum, j’ai bien mangé, j’ai mangé du “riz”. Le bébé aussi, il doit faire son “rot”. Dans la “rue”, j’ai eu peur, j’ai vu un “rat” ! ».
Quand le travail devient quelque chose d’amusant, la prise de conscience des phonèmes devient beaucoup plus facile !

Les enfants passent-ils facilement d’une pratique guidée à une pratique autonome de l’atelier ?

Prendre son temps au départ en atelier dirigé va permettre ensuite une pratique autonome de l’atelier. Un premier temps dirigé est indispensable pour tous les enfants. Il faut s’assurer qu’ils associent bien une image à un mot donné. La phase de justification est également nécessaire et l’enseignant(e) doit être présent(e) pour expliquer que l’enfant réussit uniquement s’il arrive à justifier. Il (elle) explicite également en atelier dirigé ce que les enfants apprennent. Quand ces derniers ont automatisé ces éléments essentiels, alors ils pourront jouer en autonomie. Pour certains, cela peut être très rapide, pour d’autres, cela sera plus long. Parfois, l’enseignant(e) devra rester présent(e) pour certains enfants plus fragiles.

Le programme 2025 introduit une nouvelle thématique : « Articuler distinctement ». Quelles pistes d’activités proposeriez-vous aux enseignant(e)s pour intégrer cet objectif au développement de la conscience phonologique ?

À force d'être présent(e)s avec leurs élèves, les enseignant(e)s finissent par les comprendre même lorsqu'ils n'articulent pas assez. C'est comme si les enseignant(e)s avaient intégré un « traducteur automatique ».
Mais justement, il est important de ne pas s'en contenter et de prendre le temps de travailler sur des phrases simples ou des mots, pour aider les élèves à mieux articuler. L’enseignant(e) peut prononcer une phrase ou un mot en faisant un geste de la main : il (elle) rapproche sa main de sa poitrine pour dire que c’est à lui (elle) de parler. Puis il (elle) tend la paume vers l’élève qui doit répéter la phrase ou le mot. Si nécessaire, il faudra répéter plusieurs fois cet aller-retour entre sa prononciation et celle de l’enfant.
Il est aussi intéressant d’utiliser des outils numériques comme le fait d’écouter et de répéter un mot sur une carte de l’atelier à l’aide du QR code qui figure au dos de chaque carte et donne accès à l’enregistrement audio du mot.
J’aime bien donner également la parole un temps court à un enfant qui va s’exprimer, par exemple, sur une photographie grand format comme celles d’Oratio (Nathan). J’enregistre l’enfant à l’aide d’un dictaphone présent sur une tablette ou un smartphone, puis nous réécoutons ensemble. La production orale de l’enfant devient un objet d’étude.

Enfin, les virelangues sont un support amusant à travailler avec les enfants.

Découvrez La maison des syllabes           NOUVEAU

Cet outil pédagogique est conçu pour stimuler et renforcer l’apprentissage des syllabes. Il vise à aider les enfants à repérer et localiser des syllabes identiques.

But du jeu : associer les images représentant des mots à la maison de la syllabe correspondante et situer cette syllabe dans le mot !

Le jeu se termine lorsque chaque maison a accueilli 4 jetons-mots correspondant à la syllabe ciblée, et que l’enfant a localisé la syllabe ciblée dans chaque mot.

Différentes modalités d’ateliers sont possibles : de l’activité individuelle où l’enfant s’exerce, à l’activité en binôme ou à plusieurs où les enfants pourront collaborer de manière active, en s’aidant à repérer et à localiser les syllabes.

LES +

  • L’approche progressive de l’apprentissage permet d’adapter le jeu aux capacités des élèves.
  • Un QR code au verso des jetons donne accès à l’enregistrement audio du mot, ce qui aide à vérifier la prononciation et à mémoriser le vocabulaire en autonomie.
  • Retrouvez des jeux numériques gratuits sur le site classedeflorent.fr pour réinvestir les savoirs.

 

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